Info-Amicale n° 19 - avril 1998

Sommaire


Le mot du Président

Notre premier Info-Amicale de 1998 vous parvient avec un peu de retard en raison de l'organisation des activités que nous voulions annoncer et pour lesquelles nous manquaient quelques renseignements.

 

Dans ce numéro 19, vous allez découvrir les deux activités que nous vous proposons pour l'année. Pour le premier semestre : notre cinquième rencontre provinciale (cette année, à Verdun) et l'incontournable Moto-Légende, dont la date a été modifiée, passant de la Pentecôte à l'Ascension, coupe du monde du ballon rond oblige !

Quant au second semestre, ce sera l'exposition des motos Gnome & Rhône qui se tiendra pendant trois mois au musée de la Défense et pour laquelle nous allons essayer de rassembler de belles machines. Nous ne recherchons pas la quantité mais plutôt de belles machines, bien restaurées et représentatives du plus grand nombre de modèles possible. L'ensemble sera complété par notre premier châssis Estafette, enfin assemblé avec ses pièces mécaniques.

J'ai fortement apprécié votre participation au règlement de la cotisation 1998, dès le début de janvier et je vous en remercie. Grâce à cette promptitude, nous avons pu lancé sans tarder nos programmes pour ces douze mois chargés. J'avoue que, parfois, c'est plus compliqué que cela peut paraître mais notre équipe s'encourage mutuellement et le pessimisme n'a pas sa place chez nous. Je vous laisse le soin de découvrir nos projets et de nous retourner rapidement les bulletins de participation pour vous rencontrer très prochainement.

Je voudrais remercier les nouveaux adhérents, au nombre d'une trentaine, qui nous ont rejoint depuis le 1er janvier. Qu'ils soient assurés de trouver parmi nous tous les conseils et la plupart des pièces dont ils pourront avoir besoin pour restaurer leurs motos Gnome & Rhône.

Bernard Prunet
Président de l'AMGR


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BILAN DE LA GESTION 1997

Activités Dépenses Recettes
Cotisations - Adhésions 58 600. F
Subventions
  SNECMA (Rétromobile) 11 903 F 11 903 F
  Conseil Général (Fonctionnement)   6 000 F
  Subventions diverses   4 000 F
Pièces détachées refabrication 48 000 F 39 000 F
Produits et Ventes diverses (documentations) 26 160 F 22 700 F
Atelier de restauration motos   3 200 F
Projet hors association
  Construction châssis proto   1 200 F
  Maquette livre G et R   2 600 F
Fonctionnement 15 200 F
Investissement informatique   3 900 F
Expositions - stands et manifestations 23 250 F
Manifestation motos Amboise   2 450 F   1 320 F
Frais de réunions et stages   1 300 F
Assemblée générale annuelle   3 800 F   3 200 F
Frais divers (cotisations FFVE et AAMS)   650 F
 
 En caisse au 01.01.97 20 649 F
 Cumul 143 613 F 167 372 F
 En caisse au 01.01.98    23 759 F

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Rétromobile 98

C'est en février dernier que s'est tenue la 23ème édition de cette grand-messe des collectionneurs. .Une fois de plus - la huitième, déjà - l'Amicale des Motos Gnome & Rhône avait répondu présent, aidée en cela par le Direction du centre SNECMA d'Evry et la participation de plusieurs de nos membres pour assurer une permanence de qualité.

 

Nous avons à plusieurs reprises insisté, dans ces colonnes, sur l'évolution de ce salon et la portion de plus en plus congrue dévolue aux motos. Aussi ne reviendrons-nous pas sur ce (douloureux) sujet. Qu'il nous suffise de regretter que, cette année, la place accordée à l'habituel plateau de motos était des plus réduite et ne permettait de présenter qu'un nombre réduit de machines (six, seulement), au demeurant fort intéressantes, surtout pour leur rareté.

C'est ainsi qu'on a pu voir une bien singulière machine, la "machine" Scott, que seul un Anglais pouvait concevoir étant donné son "originalité" : trois roues avec un volant et une roue directrice non pas au centre mais sur le côté droit. On hésite sur le nom à donner à cet engin : "moto", "side-car" ? En tout cas, il est certain que sa conduite devait présenter quelques difficultés.

Plus classique, la Guzzi 500 V8 fait partie de ces "monstres" que la plupart des constructeurs ont, à un moment ou à un autre, éprouvé le besoin de concevoir. Présentée sans son habillage, on pouvait admirer sa mécanique de toute beauté. Dans le même style, l'étonnant "cigare" des recours Aermacchi de 1954 et une NSU Rennfox championne du monde, de la même année.

Venaient s'y ajouter deux fort belles pièces, très anciennes puisqu'il ne s'agissait de rien moins que d'une moto à vapeur et de la célèbre Hildebrand et Wolfmuller, à essence, celle-là.



La moto à vapeur

Cette machine présente une étonnante particularité : il n'y a pas de véritable transmission entre le moteur et la roue arrière : les pistons attaquent directement par de longues tiges faisant office de bielles une sorte de vilebrequin directement placé sur la roue arrière.

On pourra noter la présence d'une grande sangle en caoutchouc rappelant un peu les cuirs qui servaient aux coiffeurs pour aiguiser leurs rasoirs et qui sert tout simplement de ressort de rappel. Cette "moto" n'était pas des plus fiable et, parmi les problèmes que rencontraient les utilisateurs, la notice de présentation signale qu'il n'était pas rare que la machine prenne feu lors de son démarrage.

La moto à vapeur avait été conçue par Paul Biard en 1907 et sa chaudière était du type Serpolet. Sa vitesse de pointe avoisinait les 60 Km/h, ce qui, pour l'époque, était proprement fabuleux. Son silence de fonctionnement était, paraît-il, remarquable mais on peut se demander si chevaucher une chaudière (qui, comme on le voit, était placée entre les jambes du pilote) n'exposait pas à quelques risques d'être ébouillanté.

Mais les courageux (intrépides, plutôt !) pilotes de l'époque ,'étaient pas encore habitués à être maternés par une administration craintive comme celle que nous connaissons de nos jours et dont le souci principal semble d'entraver toute forme d'originalité quelle qu'elle soit.

Trois marchands de pièces refabriquées avaient, seuls, "osé" venir s'installer à Rétromobile : Macadam, pour la première fois, sans grand enthousiasme, Fanatic Scooter - un fidèle - et, bien entendu, le Motocyclettiste, bien connu des habitués du salon. En pièces d'occasion, il n'y avait guère que Pierrot Bataille dont la moustache s'harmonisait bien avec le lot de pièces intéressantes présentées sur son stand. Enfin, on sait que sur certains stands, plus spécialement consacrés à la voiture ancienne, on peut trouver certains pièces convenant bien à la restauration de nos deux roues. A des prix, hélas, supérieurs à ceux auxquels nous sommes accoutumés dans nos habituelles bourses d'échange.

Nous souhaiterions que l'organisation de ce salon prenne des mesures pour faciliter la présence des clubs à Rétromobile. A condition, bien sûr, que ceux-ci acceptent de coopérer et de s'organiser en conséquence.

Venons en maintenant à notre propre stand. Comme vous le savez, nous avons à coeur de présenter de belles motos et nous souhaitons, dans la mesure du possible, qu'elles appartiennent à nos adhérents. Mais sans exclusive et, cette année, encore, nous remercions le Musée SNECMA qui nous avait prêté plusieurs belles machines dont une très belle et rare XA 750 avec son side-car à caisse Dragon, modèle militaire. En plus d'un magnifique moteur d'avion rotatif Le Rhône, de 1911,qui a fait l'admiration de nos nombreux visiteurs et a suscité de nombreuses questions quant à son fonctionnement. Pas toujours facile à expliquer, ce sacré cycle de fonctionnement avec la bielle maîtresse sur laquelle viennent s'articuler les bielles secondaires, le tout étant fixé sur le vilebrequin. Alain Grare, bien connu des amis collectionneurs, était venu nous aider dans cette démarche en nous proposant une documentation très élaborée sur les principes de montage de ce type d'embiellage qui permettait de mieux comprendre comment "ça pouvait marcher".

Bruno Caillou présentait une belle restauration, effectuée dans un temps très court, d'une M2 et notre plus jeune adhérent, Sébastien Le Poder était fier de montrer sa R1 de 1941 entièrement remise en état et qui témoignait d'un travail très soigné et effectué avec méthode. Merci à tous nos amis qui ont bien voulu nous confier leurs machines, témoignant ainsi du dynamisme de notre Amicale.

Sur la surface dont nous disposions, nous avons présenté une E 250 cc de bonne restauration qui a attiré beaucoup de photographes parmi nos visiteurs. Bien entendu, nous proposions toute la gamme de nos refabrications et de notre documentation qui a connu, comme d'habitude, un franc succès. Pour mettre celles-ci en valeur, nous disposions d'une superbe vitrine récupérée en dernière minute. Hélas, le temps nous avait manqué pour étiqueter soigneusement chaque pièce présentée. Mais, de cette façon, l'imagination de nos amis collectionneurs a eu l'occasion de travailler en étant mise parfois à rude épreuve.

Notre coin accueil a été réimplanté et il a connu un franc succès. Dans ce genre de salon, la fatigue est l'ennemie principale que nous nous proposions de combattre à la fois par quelques sièges et par le réconfort de notre accueil (si, si !). C'était, en quelque sorte, un salon dans le salon, mais, là, un salon où l'on pouvait causer et faire connaissance. Un café venait aider au réconfort de nos visiteurs car, comme vous le savez, nous persistons à proscrire toute boisson alcoolisée de notre stand.

Nos permanents - toujours les mêmes, entend-on régulièrement dire - étaient venus, comme d'habitude, nous aider dans la tenue de notre stand. C'est une chance, pour nous, d'avoir ce noyau dur sans lequel rien ne pourrait se faire. Le président, présent quotidiennement, ne peut, à lui seul, suffire à la tâche. Non pas qu'il soit indispensable, mais il doit souvent s'absenter du stand, sollicité par différentes tâches de représentation et d'administration, en particulier avec la FFVE. Merci à nos amis qui assurent alors une présence et un accueil de qualité en son absence. Grâce à eux, tout se passe à merveille.

Nous avons eu la visite de nos amis du Musée SNECMA et de la famille Bernardet, membre de notre Amicale. Nous apprécions ces rendez-vous amicaux où la passion l'emporte avant tout.

Merci, une fois encore, à tous ceux qui nous ont apporté leur assistance tant pour le montage que pour le démontage du stand, à ceux qui nous ont prêté leur moto, à ceux qui ont assuré une permanence et sans qui rien ne pourrait se faire. Souhaitons que Rétromobile 99 ne nous déçoive pas et nous permette d'assurer la présence de l'Amicale dans de bonnes conditions

Bernard Prunet
Président de l'AMGR


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Budget prévisionnel 1998

Activités Dépenses Recettes
Cotisations - Adhésions 65 000 F
Subventions
  Conseil Général (Fonctionnement) 12 000 F
  SNECMA (Rétromobile 15 000 F
Pièces détachées refabrication 70 000 F 60 000 F
Produits et Ventes diverses 20 000 F 25 000 F
Atelier de restauration motos   5 000 F
Projet hors association Exposition motos La Défense   5 000 F
Fonctionnement - Investissement 12 000 F
Provisions pour amortissement   5 000 F
Expositions - stands et manifestations 50 000 F
Frais de réunions - stages emplois jeunes   5 000 F
Assemblée Générale   4 500. F   4 000 F
Frais divers préparation livre G et R   5 000 F
En caisse au 01.01.98   20 000 F
Total 181 500 F 201 000 F
En caisse au 31.12.98   19 500 F

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Au temps où l'on fumait du belge

Godewaersvelde participera activement au festival littéraire "Frontière belge". A la bibliothèque, diverses animations et vernissage des "Confessions d'un fraudeur".

 

Cette semaine est programmé un festival littéraire baptisé "Frontière belge" avec moult animations, participations d'auteurs, parrainages divers européens et nationaux dont celui du ministère de la Culture, de la DRAC du Nord-Pas-de-Calais etc. Parmi les lieux retenus : bibliothèques, médiathèques, lycées, collèges, se trouve la bibliothèque de Godewaersvelde. Un choix qui suscite la fierté légitime de ses responsables, dynamiques et bénévoles, réunis autour d'Annick Geenen, adjointe à la culture. Gode est la seule commune de moins de 2 000 âmes à avoir été retenue !


Albert Capoen sur sa Gnome Rhône, une moto au réservoir truqué qu'il avait achetée à Oscar Denys. Il franchit souvent la frontière avec cet engin qui roule encore.

Comme on peut le constater ci-dessous, le programme de ce "Temps des livres" sera varié et alléchant. Surtout; il compose une originalité spécifique, le vernissage des "Confessions d'un fraudeur flamand" un livre d'Albert Capoen, samedi à 11 h 30 qui sera précédé, jeudi prochain, à partir de 19 h 30 d'une soirée où les amoureux de la Flandre profonde et authentique pourront rencontrer, dans le cadre reconstitué d'un estaminet de Calcannes, anciens douaniers et fraudeurs. Une soirée qui s'annonce unique. Soixante-seize ans Bien évidemment, le bouquin d'Albert Capoen, ce n'est pas du Marguerite Yourcenar. Le vieux fraudeur, âgé de 76 ans, domicilié rue de Mont-des-Cats à Godewaers-velde y raconte ses souvenirs et ses "exploits", simplement, et avec la complicité bienveillante de Michel Loosen, responsable du foyer culturel de l'Houtland.

Dans sa préface, Jacques Pladys, président de l'association "Hier en Flandre, douane et fraude" souligne bien l'esprit de ce livre-document où, à chaque page, l'on trouve "le petit monde des douaniers et fraudeurs qui a cohabité et qui fait partie de la mémoire collective... Les uns et les autres, pleins de courage, hommes de condition modeste mais fiers, courageux et que seul, parfois, le hasard d'un concours admini-stratif avait séparés, les uns devenant préposés des douanes tandis que le frère, le cousin, le voisin continuaient la tradition familiale.".

 

Albert Capoen; par atavisme, faisait partie des fraudeurs. A 7 ans, il accompagnait, déjà, son père Omer pour percer la frontière du coté du Steenacker, à Boeschépe. Des centaines de fois, la nuit, il parcourut 50 km à pied de l'Abeele à la "Belle Hôtesse" à Steenbecque (aller-retour) pour livrer sa cargaison de tabac. A l'époque, à la fin des années 30, passer 12 kg de "foin" représentait une semaine de travail d'un ouvrier agricole.

Le Godewaersveldois "passait" pour les Français du tabac, du café, de la volaille et.. des chevaux ; pour les Belges, de l'alcool, des peaux de lapin ou des filets pour les cheveux des coquettes du Royaume. Albert braconnait aussi... et c'est avec plaisir et malice non contenues qu'il procura aux occupants allemands de la viande de chats crevés en affirmant qu'il s'agissait de lapin ! Cette anecdote se trouve dans ses "Confessions". Un bouquin que tous les amoureux de la Flandre doivent se procurer. Il est, déjà, en vente chez Michel Loosen, au foyer culturel dé l'Houtland, 5, avenue Foch à Steenvoorde.

Martial Debaecker
(extrait d'un journal local dont, malheureusement, le titre ne nous est pas parvenu)


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UNE ANNEE BIEN REMPLIE

1997 commence dans la neige par le Blaireaux Treffen l'hivernale organisée par l'AMADA, le 18 Janvier, sur les contreforts Est de l'Ardèche. Side-car oblige, la vieille Black Star fera l'affaire. Le temps est au redoux et l'accès au terrain se transforme assez vite en un bourbier innommable où les caméras de télévision immortaliseront certains, plantés jusqu'au châssis. Ambiance assurée par ZAC et le baron Corzo, accueil hyper sympathique chez Bernadette, l'Elissor à Colombier Le Jeune, où on passera plus de temps à visionner le tournoi des cinq nations et jouer au baby-foot, qu'à rouler sous le crachin.

 

La semaine suivante, c'est l'hivernale du Pilat celle des Pétrolettes Dauphinoises, plus confortable et moins rustique, plus fréquentée aussi, du fait de son excellente réputation. Le logement dans un gîte confortable permet cette année un sommeil plus réparateur que l'année dernière au col du Pavezin. Le brouillard givrant remplace très efficacement la neige pour la recherche de trajectoire idéale et la densité des carrefours sanctionne la navigation hasardeuse.

Début Février, c'est au tour du relais de l'Empereur de nous accueillir sur les hauteurs de Grenoble, vers La Mure. Le thermomètre a chuté, mais pas de neige épaisse et dérapante, comme aux Eléphants l'année dernière! A la place, une fois passé le couvercle nuageux dans la côte de Laffrey, le plaisir de découvrir un paysage magnifique, fraîchement givré, sous un soleil radieux qui ne parvient pas à réchauffer les genoux gelés. La cuisine de Max Cosson s'en chargera.

Vient enfin le temps de partir aux Dragons, deuxième week-end de Février. Le Dragoon Rally se situe dans le nord du Pays de Galles. Quatre fanas sont du voyage, Bernard Leautier sur R69, avec dans le panier, JMD, le barbu le plus célèbre du milieu. Michel Piercy sur Zündapp 125 et Merco en MGC. Pour le confort et la sécurité, c'est en fourgon que nous traverserons la France. Nous le laisserons à Dunkerque . Il reste encore 800 km à parcourir. Le réseau britannique est très dense, bien maillé, les autoroutes sont gratuites, pourquoi les éviter ? D'autant que 1'incontoumable London oblige à suivre la M25, sorte d'hyper périphérique à 4 voies saturées, y compris celle d'arrêt d'urgence, que nous suivons allègrement compte tenu de la vitesse des semi-remorques et des gerbes d'eau qui nous inondent à leur passage.

Car la pluie a fait son apparition. Dans mon rétro le phare de la Zündapp recule de plus en plus. Les forcenés de la BM n'en ont cure et je suis obligé de les suivre, à la limite du potentiel du 350 JAP culbuté. Une demi-heure plus tard, le side s'arrête enfin pour s'enquérir du sort de notre Franc-Comtois. Je constate alors, que dans ces tourbillons, j'ai perdu ma sacoche droite, celle du mauvais côté en Angleterre. Peu d'espoir de retrouver son contenu, drapeau tricolore, carte grise, outils, lunettes et agenda, d'autant que Michel Piercy, qui nous rejoint enfin, n'a rien vu. C'est l'allumage qui lui joue des tours, pas étonnant dans l'humidité ambiante !

Nous décidons d'en finir au plus tôt avec ces risques. Les autres branches des autoways sont nettement plus cool que la M25. A 18 h. vers Cheltenham, arrêt pipi, concertation sur la pause nocturne et mes fêlés repartent ventre à terre alors que je bataille pour démarrer la MGC. A nouveau la course, une fourche au loin, je crois voir une moto prendre à gauche, je la suis, dans une circulation rendue difficile par les sorties d'usine, mais, personne à l'horizon ! Une station-service, je fais le plein, puis demi-tour pour rejoindre le dernier arrêt. Personne, je suis seul ! Avec une moto qui à 70 ans et pas mal de bornes dans le carter. La nuit est tombée.

Ma décision est vite prise, retour sur l'autoroute direction le nord-ouest, Birmingham, après on verra ! A 23 h. les flics m'arrêtent. Le lumignon de la MGC, pourtant doublé d'un machin de VTT à éclat rouge est insuffisant, "Mais la M5 est éclairée.", "Oui, mais plus loin, il n'y a plus d'éclairage. Vous êtes en danger, les camions ne vous voient pas, même nous on a eu du mal." Ils sont deux, un homme et une femme, mignonne. "Qu'est ce que vous pensez faire ?" "S'il n'y a pas d'autre solution, m'arrêter et dormir !" Faux cul comme pas deux le policeman me répond : "J'allais justement vous le proposer, suivez nous !" Je n'ose pas dire à la minette qu'avec elle, jusqu'au bout du monde.

Et je me retrouve dans une hôtel coquet, petit comme toutes les habitations simples de ce pays, mais très confortable avec douche, télé et surtout, le lendemain, le merveilleux breakfast . Il fait un temps splendide, mais la température est fraîche. La MGC a du mal à partir et plus loin, sur l'autoroute, c'est la cata ! Un serrage brutal qui laisse une traînée de gommard, heureusement il n'y avait rien derrière. J'ai consommé plus que prévu : un litre aux 300 km ! Le plein refait la moto repart difficilement , elle ne tire plus pareil et j'ai l'impression qu'elle fume beaucoup.

Peu avant l'entrée de Cerrigydrudion (Bouton ?), je rattrape une antiquité pétaradante auprès de laquelle la création de Marcel Guiguet fait l'effet d'une japonaise moderne. C'est une AJS de 1926 pilotée par une anglaise incroyable, dont le strabisme fait oublier les cheveux filasse. La moto est dans un vieux jus pas possible mais la créature me sème quand elle veut. Une fois cela constaté elle m'attendra pour me guider dans les derniers kilomètres. Car le jeu consiste à rallier un point perdu dans la montagne où une simple caravane abrite le secrétariat. Une fois taxé et inscrit, un plan vous dévoile le tracé final permettant d'atteindre la concentre.

C'est un vallon tranquille où coule une rivière... J'y retrouve mes comparses, pas gênés du tout de m'avoir largué et je m'installe parmi eux. Il n'y a pas de neige, mais le temps est frais et humide. La MGC attire les curieux et pour faire comme eux, nous emboîtons le pas pour un tour de campement. Il y a plus de 3 000 participants, mais nous sommes les seuls français. Quelques allemands et hollandais représentent le continent. C'est un plaisir de voir le nombre de motos d'avant 1960. Une belle brochette de Douglas, quelques Vincent et même une des premières Honda. Une grande tente abrite l'accueil et la buvette. Nous recevons la médaille, quelques cadeaux, biscuits ou bonbons et un bol de soupe chaude. C'est le paquetage. A la nuit, un immense feu démarre et quelques allumés grimpent au sommet du bûcher pour mieux l'embraser. Mais l'ensemble est plutôt calme, cool, à l'anglaise. Ces gens-là savent mieux boire que les teutons, mais il manque la débauche de rigolade des Eléphants. Cela explique peut-être qu'au matin chacun repart très tôt. A 9 h, il n'y a plus personne.

Pour nous le retour passe par l'île d'Anglesey, encore plus au nord-ouest où nous devons passer la nuit. J'en repartirai tout de suite, prenant de l'avance, car mes coéquipiers sont trop véloces. Je les quitte à midi, précédant de peu une nouvelle dépression que je vois filer loin à ma droite. Vers 18 h, dans une station-service, je m'enquiers d'un abri possible pour passer la nuit. C'est alors qu'un jeune "paki" m'accoste, "Pourquoi y a la cigogne de Guynemer sur ton réservoir ?" Féru d'aviation, cet étudiant en médecine sait des choses ! Je lui sors la légende de Marcel Guiguet. Il en est abasourdi. Je lui explique mes problèmes d'éclairage, etc. Il a la solution ! "Je suis en 250 MZ, tu n'as qu'à rouler, je t'escorte pour te protéger !" C'est comme ça que nous filons jusqu'à Londres où nous serons hébergés chez sa mère adoptive. Il est, en fait, originaire du Rwanda. Je quitte à regret ces gens adorables après avoir signalé la perte de ma sacoche au commissariat voisin.

Il pleut à nouveau et mon câble de frein casse dans la traversée de la City. Ca devient galère, la MGC cale et démarre de plus en plus difficilement. J'arrive pourtant à rejoindre la M20 et le terminal de Douvres, trempé. Mes surbottes n'ont pas résisté au freinage avec les pieds.

Sur le bateau je trouve les outils me permettant de changer la bougie, recaler la magnéto, etc. Huit heures plus tard Debonneville , Leautier et Piercy me rejoignent à Dunkerque. Ce dernier a tellement galéré après que les précédents l'aient semé, qu'il préfère passer une bonne nuit au F1 plutôt que d'embarquer dans le fourgon pour Lyon. Il a traversé le pont de Dartford escorté par une camionnette de service, le protégeant du vent pour qu'il ne soit pas emporté. Il faut dire que son Zündapp est plus haut que long avec son Hugon et son chargement.

J'ai le plaisir de recevoir quelques feuilles de mon agenda, carte grise, carte verre, le tout bien abîmé, en provenance d'Angleterre, mais du reste, rien ! C'est déjà pas mal.

Le week-end suivant est réservé à la première reconnaissance du Tour d'Europe. Devant l'accueil enthousiaste des Autrichiens de Kössen, je me suis jeté à l'eau pour l'organiser ! Ensuite je profiterai d'un désistement pour aller embrasser mon petit-fils à La Havane. Mon fils y attend les touristes et nous avons bon espoir d'organiser un side-car tour de Cuba. Le dimanche des Rameaux est dédié à St Tropez : pastis, rigolade, sardines grillées et ambiance garantis. A ne pas louper ! La MGC reprend du service.

Quinze jours plus tard, Fête de la Moto à St Paul Trois Chateaux. 20 Avril, sortie side-car à Malaucène, J'organise l'accueil au Musée de Nyons. 24 - 25 : rallye du C.M.P.N. Rhône-Alpes avec la 90S je termine treizième et premier poireau.

Pas mal !

27 avril, première à Oyonnax. Froid et pluie sont au rendez-vous. La R12 me fait une frayeur lorsque le support de selle cède. Beau parcours. Dommage, le temps...

4 mai, l'âne à 2 roues organise à Bessans, c'est l'occasion de manger des huîtres ! Et de commencer la pub pour le Tour d'Europe. Je suis étonné par la qualité des machines présentées, même les petites cylindrées sont présentées sous leurs meilleurs atours. Il y a un réel effort , c'est sympa !

16 - 18 mai, la dernière Ballade des Vieux Clous ne peut se faire sans une MGC ! Montée en fourgon dans le Nord, avec les époux Renart, ça fait quand même des bornes ! Mais quel pied de rouler en voyou derrière des CRS en balade, les Anglais n'en reviennent pas ! Et puis, l'ambiance des soirées en Angleterre !

André Jean Mercorelli
(suite et fin au prochain numéro)


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