Histoire de ma Gnome & Rhône Junior
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(Daniel DAVID)
A cette
époque (1974) j’habitais toujours ma région d’origine,
un petit village proche de Gap dans les Hautes-Alpes.
Mon cousin Dany me demande un coup de main pour
déménager les affaires d’un vieil oncle à lui, Louis
Franz, il habite un appartement dans Marseille. Dany se
procure une camionnette et nous voici partis pour vider
cet appartement afin de le vendre. Arrivés à Marseille
nous récupérons tout ce qui peut l’être afin que Dany
puisse se meubler. Au cours du rangement je trouve un
dessus de selle et pose la question à Louis Franz « Vous
aviez une moto avant » et il me répond « J’ai toujours
ma Gnome & Rhône, j’ai voulu la mettre sur le trottoir
pour les encombrants mais même les éboueurs n’en
veulent pas ». Je suis déjà depuis de nombreuses années
mordu par la moto et fan de motos anciennes, il faut
dire qu’à cette époque il en traine encore partout. Je
souhaitais depuis longtemps une moto avec vitesses au
réservoir. Je demande à Louis de voir cette moto, nous
descendons à la cave et je tombe en extase devant cette
Gnome & Rhône Junior encore en état correct, il faut
dire qu’à cette époque la moto n’avait que 34 ans. Louis
me dit que si je la veut il n’y a aucun problème il me
la donne. Notre déménagement se termine et nous
rentrons sur Gap. La semaine suivante j’emprunte l’Amie
8 Break de mon frère, je charge une botte de paille et
me voici reparti pour Marseille afin de récupérer la
Gnome & Rhône de Louis.
Nous
chargeons la moto et Louis me raconte l’histoire de sa
moto : il l’avait achetée neuve à Tunis en 1938 ; cette
moto a été mobilisée deux fois, une première fois en
1940 et Louis a réussi à la récupérer après la guerre,
la seconde fois pour la guerre d’Algérie mais elle est
restée stockée sans servir, grâce à une connaissance de
Louis qui s’occupait des engins réquisitionnés et Louis
a encore réussi à la récupérer. Louis était très attaché
à cette moto, il me dit qu’un jour elle avait été rayée
et qu’il avait fait une retouche de peinture avec un
pulvérisateur de « Fitox » ; qu’il avait quelque fois
des ennuis avec la magnéto qui s’imprégnait de l’huile
moteur ; qu’il avait rapatrié cette moto depuis la
Tunisie et que quant il habitait du coté de Montpellier
une personne lui avait proposé un échange contre une 2Cv
mais qu’il avait refusé.
Louis
me donne ce qu’il avait précieusement gardé ; la notice
d’entretien, la notice de pièces détachées, quelques
pochettes de pièces d’origine l’une contenait le gicleur
de rodage ainsi qu’un gicleur d’hivers et un gicleur
d’été, l’autre des pastilles de réglage pour les
soupapes.
Amandine sur la Junior en 1984
Me voici
dés 1974 propriétaire de ma première Gnome & Rhône,
j’étais épaté par cette moto avec ses manettes d’avance
et d’accélérateur ainsi que ce levier de vitesses à
main. La mise en route fut laborieuse mais j’ai réussi
à faire mes premiers tours de roue avec extase, je me
rappelle qu’un chien m’était parti après et que j’avais
du mal à le semer.
A cette
époque il était très difficile de trouver des
renseignements sur de tels engins, seule la rubrique
« les adorables « sur Moto Journal nous permettait de
rentrer en contact ou de trouver des pièces.
Quelques
années plus tard lors d’un mariage dans la famille, j’ai
revu Louis, j’avais apporté des photos de la Junior,
Louis avait les larmes aux yeux il était heureux de voir
que je m’occupais toujours de sa moto. J’ai réussi à
garder cette machine en couleur d’origine seuls les
chromes ont été refaits, aujourd’hui elle est toujours
belle du haut de ses 75 ans. Depuis j’ai quand même
refait l’embiellage et remplacé la magnéto d’origine par
une Morel.
Les
années passent, j’ai fais quelques balades et
rassemblements marquants avec ma fidèle Junior. Parmi
les grandes balades, il y a « Paris Bordeaux Paris »
avec une équipe de 12 personnes de l’AMGR, nous étions
3 Junior, celle de Michel Delouze, celle de Lionel Papin
et la mienne ; Andé-Jean Mercorelli nous escortait avec
sa D5, quelques noms me font défaut, Alain Chapeau était
de la partie, je me rappelle aussi d’un accompagnant
avec une Kawazaki qui était tombé en panne en raison des
fortes précipitations. Avant de me lancer dans cette
aventure j’avais refait mon embiellage et mes guides de
soupapes et ceux-ci était trop serrés j’ai eu plusieurs
grippages au début mais très vite le rodage m’a permis
de retrouver une moto fiable, Michel Delouze me confia
aussi une burette d’huile afin de lubrifier abondement
mes guides.
Lors de
ce périple nous avons essuyés une tempête, des vents
terribles, de la pluie abondante et même la grêle,
parfois nous avions du mal à avancer avec les vents de
face. Nous sommes arrivés à Bordeaux en piteux état et
très en retard mais arrivés tout de même. Nous avons
été chaleureusement accueillis, des motards de la
gendarmerie nous attendaient vers St André de Cubezac
et nous ont ouvert la route, nous avons été décorés de
la médaille de la ville de Bordeaux. Pour le retour du
côté d’Angoulême un orage de grêle a eu raison de nous,
la couche de glace sur la route compliquait les choses,
il faisait nuit et nous étions transi de froid.
Coupure du journal Sud Ouest (à gauche ma Junior)
Depuis cette époque j’ai déménagé
plusieurs fois, j’ai eu beaucoup d’autres Gnome & Rhône
mais cette petite Junior à toujours gardé une place
particulière dans mon cœur et quand je la démarre c’est
une vague de souvenirs qui me submergent à chaque fois.
Cette Junior est la moto qui m’a fait découvrir cette
marque à laquelle je suis très attaché, depuis j’ai eu
quasiment toutes les motos de la gamme, j’ai roulé avec
toutes mais croyez moi la Junior a tout d’une grande et
elle m’apporte toujours autant de joie.
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