Correspondance de là-bas
Revenons sur les
motocyclettes Trumpfass.
Elles étaient fabriquées sous licence Gnome &
Rhône, dans le patelin qu’habite aujourd’hui notre ami
Hans Huse, c’est à dire Sarrebruck en Sarre. Elles
étaient destinées au marché allemand et construites à
partir des cadres « C » et « D ».
Comme je l’ai déjà
raconté dans une précédente gazette, la marque Trumpfass
par suite de décision judiciaire est devenue T. A. S.
puis a définitivement disparu en 1932.

Aujourd’hui, Herr Hans se
passionne depuis plus de 30 années pour les motos Gnome
& Rhône et Trumpfass, qu’on appellerait de nos jours
« un clone » de G & R.
Hans me
signale qu’il a recensé en Allemagne quinze motos
Trumphass en tout, dont deux D2 et une D4. Quant à TAS,
il a retrouvé une 200cm3 et encore plus rare, une 350
cm3, toutes deux équipées de moteurs Dresch.
Comme
certains membres de notre Amicale le savent depuis fort
longtemps, notre ami Hans est probablement le meilleur
connaisseur outre Rhin des motos françaises et bien
évidemment des motos tout court. Hans reçoit fréquemment
des appels de compatriotes qui ont découvert un vieux
cadre, un vieux moteur ou même parfois un engin à l’état
d’épave, véritable tas de rouille dont l’identification
reste un grand mystère pour leur propriétaire.
Début
novembre 2013, téléphone…d’un inconnu qui habite Cologne
(Koln) et qui lui dit :
« Herr Hans Huse,
j’ai eu vos coordonnées par le président du Veteranen
Fahrzeug Verband » qui comme
tout le monde le sait, est plus grand club de motos
anciennes en Allemagne.
« Il m’a dit que
vous étiez l’expert de la marque TAS.»
Notre Hans
lui répond avec sa modestie habituelle qu’il n’est pas
un expert de cette marque mais qu’il la connaît bien. Il
lui demande donc de quoi il s’agit. Le bonhomme de
Cologne lui annonce tout de go qu’il a fait un héritage,
un grand hôtel très ancien dans une ville d’eaux, genre
Marienbad qui appartient à sa famille depuis le XIXème
siècle. Il ne peut pas assumer le coût de la rénovation
du bâtiment et souhaite le vendre.
Pendant qu’il visite
son « héritage », ce monsieur découvre dans un débarras
une moto bien cachée derrière des quantités de
vieilleries. Cette moto est immatriculée avant guerre et
possède une plaque du constructeur TAS.

Le Hans reste muet de stupeur !
Le
monsieur de Cologne, ignore tout de cette moto et
demande conseil à notre spécialiste es motos pour la
restaurer. Il envoie donc une série de photos de
l’engin. Il s’agit d’une TAS avec un moteur G & R 500cm3
à soupapes latérales, boîte de vitesse et cadre G & R
mais avec les modifications et transformations de
l’époque, entre autre le remplacement de la courroie par
une chaine et en utilisant des éléments fabriqués en
Allemagne. C’était donc, au vu des photos, une
authentique TAS.
En regardant ces
photos, le Hans découvre un peu caché dans un coin un
side car type Zepplin sans son châssis.

Plus tard après quelques coups de
téléphone au monsieur de Cologne, Hans lui raconte tous
les détails et toutes les modifications de cette
machine. Et le monsieur de Cologne de demander
naïvement : « Comment faire
pour restaurer cette moto en TAS type C strictement
d’origine ? »
Le Hans lui répond
que tout est possible et qu’au prix de longues
recherches de pièces, de beaucoup de sueur et de
beaucoup d’argent on peut réussir ce pari. Il est prêt à
l’aider et peut également lui fournir la documentation.
Puis pendant trois
longues semaines, un silence pesant s’est abattu sur
Sarrebruck !
Enfin un
coup de téléphone du monsieur de Cologne annonce à l’ami
Hans qu’il veut se séparer de cette moto qui appartenait
à son grand père, qu’il n’y connaît rien en motos et
même qu’il n’y trouve aucun intérêt.
Le Hans
lui dit alors très ému qu’il était prêt à l’aider mais
qu’il ne s’attendait pas à cette option. Le monsieur de
Cologne l’informe alors qu’un brocanteur voulait
récupérer tout le mobilier de l’hôtel y compris la moto.
Après avoir demandé au brocanteur quel prix il était
susceptible de payer cette moto, le monsieur de Cologne
a proposé à Hans de payer ce qu’il lui semblait juste et
la transaction s’est faite.
En
décembre 2013, la moto TAS et tous les accessoires et
pièces détachées deviennent officiellement la propriété
de notre ami Hans. Il est donc parti à Cologne avec son
beau père et Jürgen, autre membre de l’AMGR outre Rhin.
Ils ont pu visiter l’hôtel, voyage dans un autre siècle,
avec les bals, la musique de Gustav Mahler et les
richissimes clients qui venaient en cure dans cette
station thermale.

Dans le
coin ou se trouvait la moto, ils découvrent
successivement, le side-car, son châssis et comme ont
dit ici de ce coté du Rhin, « cerise sur le gâteau » sur
une étagère avec des classeurs des années 10 et 20, se
trouvaient cachées derrière ces dits classeurs, une
boite qui contenait les sacoches en cuir de la moto et
une paire de jambières de motard de l’époque.
Aujourd’hui
l’ensemble est restauré et le monsieur de Cologne est
très heureux de savoir que cette TAS est entre de bonnes
mains.

Georges Ulmann
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