X40 : La belle inconnue

Depuis
plusieurs années, je m’interroge au sujet de cette belle
et prestigieuse machine, qui servit d’escorte
présidentielle à trois de nos chefs d’état.
On en
sait peu de choses en réalité : quand fut elle
fabriquée, en combien d’exemplaires,
combien
en reste t’il ?
Face à
l’absence de documents du constructeur, il m’est apparu
nécessaire d’entreprendre des recherches historiques,
puisque cette machine fait pleinement partie de
l’histoire de France.
Après
des mois de patientes recherches, j’ai pu avoir accès à
des documents intéressants tels que les rapports du chef
du peloton motocycliste de la garde personnelle du chef
de l’état, entre1942 et 1944. Celui-ci décrivait tout
événement concernant son peloton, basé à vichy, siège
dugouvernement durant cette époque troublée.
La
lecture de ces documents officiels nous apprend bien des
choses, et il me semble naturel deles partager avec les
membres de l’amicale qui nous réunit autour de la même
passion.
Tout
d’abord, la X40 ne date pas de 1940, contrairement à ce
que son appellation laisse entendre.
De 1940
à 1942, le peloton motocycliste est équipé de René
Gillet 1000cm3, en solo et en side pour les escortes, et
de Terrot 350cm3 pour l’entrainement. Il possède
également une Gillet d’Herstal et une 500 Gnome et
Rhône, dont le type n’est pas précisé : D5A, CV2 ?
Certaines de ces machines sont en mauvais état, et les
René Gillet sont souvent en difficulté pour des escortes
rapides. Il est donc décidé de passer commande à Gnome
et Rhone de machines spécialement conçues pour escorter
sur de longues distances et à vive allure le chef de
l’état.
La
Commande est passée le 2 avril 1941(Décision 6231-T10G).
des essais du prototype ont lieu en octobre de la même
année. Des modifications sont demandées au constructeur.
Le
stade actuel de mes recherches ne me permet pas de
connaître les circonstances d’un possible appel
d’offres, et du cahier des charges qui devait y figurer.
Cela fera peut être l’objet d’un futur article. Ce que
nous savons actuellement, c’est que le résultat est un
subtil mélange de XA2 , d’AX2, de X et de pièces
spécifiques à ce modèle. Il en résulte une machine sure,
confortable , fiable et performante.
Le 27
Mars 1942, un premier rapport annonce que de nouvelles
Gnome et Rhône sont attendues pour remplacer
prochainement le parc vieillissant.
Le 31
Mars 1942, un wagon de chemin de fer contenant 11
caisses arrive . les premières X40 livrées portent des
numéros non consécutifs allant de 121003 à 121014. Puis
, le 14 Avril 1942, un second wagon livre 14 X40, des
numéros non consécutifs allant de 121010 à 121027. Il
faut ensuite patienter jusqu’au 2 juin 1942 pour voir
arriver les 13 machines suivantes (numéros 121028 à
121049, non consécutifs). une dernière livraison à lieu
le 1er juillet 1942 avec 12 caisses en provenance du 150
Bd Hausmann, à Paris ( numéros 121028 à 121052 non
consécutifs).
Les
numéros vont donc de 121003 à 121052.
Le
registre des rapports ne laisse planer aucun doute: Il
n’y aura plus de livraison après cette date.
Cela signifie que seules 50 machines ont été commandées
et livrées à l’escorte du chef
de l’état, et pas une de plus.
Ce
nombre est d’ailleurs confirmé par les rapports
annonçant l’arrivée des feuilles des mines permettant la
mise en circulation des motos. La 1ere est arrivée le 30
Avril 1942 pour 25 machines, et la seconde le 3 juillet
pour le même nombre.
Par la
suite , nous apprenons que ces machines sont en phase de
mise au point durant plusieurs mois. pour cela , un
technicien, et non des moindres, est spécialement
dépêché par Gnome et Rhone à Vichy. il s’agit du célèbre
Bernard, dont nous connaissons tous les exploits.
Durant
cette phase, de nombreux essais routiers ont lieu. ceux
ci vont être ponctués par le grave accident d’un
motocycliste causé par un cycliste imprudent. La X40
numéro 121032 sera sérieusement endommagée.
D’autres accidents moins graves auront lieu au cours des
années 1943 et 1944, sans que soit mentionné le numéro
des machines concernées.
Pendant
ce temps, les René Gillet et Terrot seront
progressivement reversées à l’Armée, les X40 devenant
les seules motos de l’escorte.
Certaines d’entre elles accompliront des missions de
résistance, leurs pilotes choisissant de transgresser
leurs ordres.
Après
la liberation, elles escorteront le Général de Gaulle
dans sa visite d’une France à reconstruire (voir photo),
puis le président Vincent Auriol, avant d’être retirées
du service actif pour presque sombrer dans l’oubli.
Il nous
appartient de sauver celles qui peuvent l’être et de
leur rendre une place bien méritée dans l’histoire
motocycliste, comme dans celle des productions de notre
marque favorite.
A
suivre...

Inconnu sur X40 photo JY Fenautrigues

Une grande partie des X40 construites ce trouve sur
cette photo
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